La fabrique des Pandémies

Je viens de finir la lecture du dernier livre de Marie-Monique Robin, la fabrique des pandémies. 

Ce livre m’a profondément marqué, tout d’abord par la grande la grande qualité du travail journalistique. Marie-Monique Robin a en effet interrogé des dizaines d’expert, et a réussi à synthétiser leur travail et à le rendre accessible à des non spécialistes.

Mais c’est surtout son contenu, qui nous amène à une grande remise en question sur nos modes de vie. En effet, ces experts s’accordent tous sur le fait que nos modes de vie actuels qui détruisent les habitats et impactent la biodiversité sont à l’origine des pandémies de plus en plus nombreuses observées dernières décennies.

 

Je reprends dans cet article presque mot à mot une des expériences relatée par un expert, pour montrer ce lien entre perte destruction des habitats et pandémie.

Les chauves-souris sont le groupe de mammifère le plus riche en termes d’espèces après les rongeurs. On en a identifié 1400 espèces. Ceci représente un quart des espèces de mammifères connu. On en trouve sur tous les continents avec tous les types de régimes alimentaires et ce sont des animaux très cosmopolites qui peuvent s’accommoder à de nombreux habitats : les toitures, le creux des arbres, les feuillages, les grottes…

On étudie beaucoup la chauve-souris notamment par rapport aux virus qu’elles hébergent. On en a identifié à ce jour environ 200 dont une soixantaine seraient pathogène pour l’humain. Cette richesse virale est liée au fait que les chauves-souris ont un système immunitaire extrêmement efficace du fait de leur capacité à voler. Grâce à cela, elles peuvent maintenir la réplication des virus à un seuil très bas dans l’organisme. Elles sont donc d’excellents réservoirs de virus. Elles peuvent en effet héberger une multitude de virus sans manifester de symptômes ou de mortalité. De plus, ses animaux vivent en communauté ce qui est propice à la transmission de virus. Enfin elles peuvent se déplacer sur de très longues distances parfois plusieurs milliers de kilomètres, ce qui favorise la dissémination des virus.

Lorsqu’on chasse les chauves-souris de leur habitat naturel, elles vont se rapprocher des zones urbanisées. Il arrive même qu’elle puisse mordre les êtres humains en leur transmettant parfois la rage. Mais cela reste très exceptionnel. En général la transmission des virus des chauves-souris vers les êtres humains passe par un autre intermédiaire.

Les chercheurs ont également observé que le stress chez la chauve-souris qui peut être provoquée par la déforestation ou la fragmentation des habitats provoque un affaiblissement du système immunitaire. Et ceci peut être propice à une explosion de l’excrétion virale ce qui va favoriser la transmission de ces pathogène à d’autres espèces animales, y compris aux humains.

Pour donner un exemple concret, dans le cas du virus NIPAH, on sait que les chauves-souris ont été chassées des forêts de Bornéo car les humains rasent les forêts pour développer la monoculture de palmier à huile.

Ces chauves-souris frugivores ont trouvé le gîte et le couvert sur des manguiers qui était cultivés au milieu des fermes porcines. 

Il a été observé que les cochons développaient une pathologie inconnue qui provoquaient une hécatombe. Et cet étrange mal à bientôt touché les ouvriers agricoles qui travaillaient dans ces porcheries et qu’ils mouraient d’une encéphalite foudroyante. Puis ce mal c’est transmis aux employés des abattoirs de Singapour, puisque cette production était destinée au marché chinois. Un virologue de Singapour découvre que ces virus mortels appartiennent à la famille des paramyxovirus, comme la rougeole et les oreillons. Et il découvre que le réservoir de ce virus est une espèce de grande chauve-souris frugivore, qu’on appelle les roussettes, et qui sont celles qui ont pris asile dans les manguiers. Elles ont ainsi infectés les porcs qui se trouvaient juste sous ces arbres, puis le virus c’est transmis aux ouvriers agricoles qui manipulé les porcs. Cette histoire s’est soldée par l’abattage d’un million de cochon et le décès de 105 personnes sur 265 affectées. Dans cet exemple, on voit très bien le lien entre la déforestation et la pandémie qui a touché ces personnes.

Le livre de Marie-Monique Robin nous fait découvrir des expériences réalisées par des dizaines de chercheurs partout dans le monde qui arrive tous à cette même conclusion : la destruction des habitats et la perte de biodiversité vont permettre le développement de nouveaux pathogènes chez l’humain. Ils sont tous unanimes à dire que si notre action envers la nature ne prend pas un tournant fondamental très rapidement, à savoir de remettre des espaces naturels, nous risquons de vivre ces prochaines décennies des épisodes de pandémie de plus en plus fréquent.

À notre échelle d’individus, il serait bien de réfléchir à ces actes quotidiens que nous faisons sans réfléchir et qui peuvent entraîner des conséquences néfastes sur la biodiversité. Prenons juste l’exemple de l’huile de palme : nous avons vu comment la monoculture des palmiers pouvait par un effet boule de neige créer une pandémie et des décès. Or il nous est tout à fait possible en tant que citoyen de ne pas consommer ces produits.

Nous pouvons également à titre individuel réfléchir à comment restaurer cette biodiversité autour de chez nous. Les jardins forêt en sont un bon exemple. Ces agrosystèmes permettent de produire de la nourriture dans des écosystèmes présentant une grande biodiversité.

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