Au début du 20ème siècle, les éleveurs de bovins en Afrique de l’Est ont véhiculé une maladie qui a totalement décimé la population de Gnou. Dans le parc naturel de Serengeti en Tanzanie, des chercheurs ont étudié dans les années 60 pourquoi la végétation s’était tellement dégradée dans le parc national. Et en même temps, la population de Gnou ne cessait d’augmenter. La croyance de l’époque était que les gnous qui mangent la végétation sont la cause de la dégradation générale du Parc et on a donc voulu les éliminer. Mais des chercheurs ont pu empêcher cela et la population n’a cessé d’augmenter jusqu’à dépasser le million de tête.
Nous avons également constaté que la présence des arbres a fait que les rivières ont commencé à moins zigzaguer : il y avait donc moins d’érosion et les canaux se sont rétrécis et des mares se sont formées. Tout cela était parfait pour un habitat sauvage. Les rives ont donc changé en réponse au loup parce que la forêt, en pleine régénération, a stabilisé les rives dégradées. Les loups, bien que peu nombreux, n’ont pas seulement transformé l’écosystème du parc de Yellowstone, cette gigantesque région, mais aussi sa topographie.
On peut du coup s’interroger sur l’humain dans son écosystème. Est-il lui aussi une espèce clé de voûte ? Pour cela, on pourrait se demander ce qui fait du loup une espèce clé de voûte.
On parle d’une espèce clé de voûte lorsqu’on considère qu’elle exerce des effets sur l’intégralité de l’écosystème. Les effets peuvent être variés :
Un super prédateur comme l’étoile de mer va empêcher la prolifération des moules et ainsi maintenir la biodiversité du site
L’éléphant va modifier le paysage en se déplaçant et en faisant tomber des arbres ; Ceci va apporter de la lumière et permettre le développement de communautés d’espèces végétales.
Les oiseaux marins comme les mouettes vont transporter des nutriments de l’océan vers les continents, ce qui permet à toute une végétation de se maintenir sur les côtes.
Le pic noir creuse des cavités dans les arbres qui vont servir à de nombreux autres animaux. On estime que l’arrivée du pic noir dans une forêt va permettre la venue de 40 nouvelles espèces.
Une espèce est clé de voûte soit parce qu’elle est un super prédateur, ou alors parce qu’elle modifie profondément l’écosystème créant ainsi des micro-climats, de nouveaux habitats, ou de nouvelles sources de nutriments.
Si on observe l’humain, on constate qu’il est tout cela à la fois. Il est un super prédateur, il peut modifier considérablement les micro-climats, ne serait-ce qu’en coupant des arbres, ils déplacent de grande quantité de minéraux (avec la pêche par exemple) et il peut créer de nombreux habitats pour des plantes et des animaux (les plantes rudérales, les oiseaux qui nichent dans nos maisons, …).
Or les espèces clé de voûte sont normalement des activateurs de la biodiversité. Que se passe-t-il avec nous ? Nous devrions contribuer à la complexification des écosystèmes et pourtant, nous les détruisons ! Peut être que le problème est que nous ne faisons plus partie de l’écosystème. Nous avons rompu les liens qui nous unissaient aux autres êtres vivants ce qui a provoqué ce cycle de destruction.
En conclusion, la découverte de ces espèce clé de voûte est un espoir formidable pour reconstruire des écosystèmes en réintroduisant ces êtres vivants essentiels à leur bon fonctionnement. C’est aussi une bonne nouvelle pour les humains. Contrairement à ce que l’on nous fait croire depuis toujours, nous ne sommes pas incompatibles avec la nature. Il n’est pas utile de créer des réserves naturelles sans être humain pour que la nature se porte bien. Au contraire, c’est en reprenant notre place dans l’écosystème et en tissant les liens avec le vivant que nous pourrons remplir notre vrai rôle : une espèce clé de voûte qui va accroître la biodiversité.
Une belle note d’espoir de vie, de bienveillance…
Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde.
Merci